Des lettres qui pleuvent...






Il y a une mélancolie particulière lorsque la soirée tombe sur la ligne 6, de l'aérien en clair-obscur qui fait souvent rouler quelques larmes. Derrière les vitres il y a toutes ces ombres éclairées par les écrans qui dansent dans ces grands immeubles, les pantins d'un monde immobile.

Je me refuse à devenir insensible à mes trajets quotidiens, parce qu'ils font ce que je suis, mes rires, mes larmes et même si parmi tous ces inconnus je ne suis qu'une seule, j'aime à croire qu'ils ont fait un bout de route avec moi et qu'ils sont à l'origine d'une nouveauté. Je n'ai jamais cru au hasard, tout juste aux grandes coïncidences.

Je suis heureuse, je n'ai plus besoin de me le répéter pour m'en convaincre et c'est un fait nouveau. Il y a pourtant des trous énormes dans ma poitrines, des grains de sable que j'ai laissés loin sur mes plages et que je ne retrouve pas assez souvent. C'est une sensation étrange ce souffle de vide qui pèse lorsque l'on pense à quelqu'un. Comme un trou béant qui cherche à se combler, à se souvenir, à faire renaître un moment où tout semblait parfait et à sa place. Je suis la même et différente mais vous vos vies là-bas qui passent un peu sans que j'y sois me manquent. J'espère que parfois ce vide vient à vous en pensant à moi.

Je crois que j'aime enfin cette ville et que je la connais, j'ai tout découvert et pourtant il reste des secrets entre les pavés. Je sais maintenant ses humeurs, tes humeurs, mes refuges, nos refuges, mes quartiers. J'ai la photo des quais et de cet arbre que tu m'avais écrit et tu sais que les eaux ne manquent plus de moi maintenant.



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