Le métro, ses courants d'air, ses visages pales, ses pieds qui courent, ses coups de coudes. Le métro renferme toute l'inhumanité qui nous renvoi à notre humanité. L'impuissance face aux faits, aux actes, à notre vue. Ne pas marcher sur le monsieur qui dort. Dort-il ? Je ne peux pas le réveiller, il pourrait être vivant. Je ne peux pas le réveiller, la peur. Est-il mort ? Et cette question restera vous hanter, aujourd'hui, demain et tous ceux qui suivront parce qu'ils en aura d'autres des duvets dans les escaliers.
Et puis viennent toutes les autres questions que l'on se pose mais dont on ne parle jamais. Parce que la peur est encore là. Lui parler ? Lui dire quoi ? Se rendre compte ? Peur de réaliser ? Que cet homme est nous ? Que sa route aurait pu être la notre ? Qu'est ce que ça fait de se voir dans le miroir, de voir ce reflet qu'on aurait pu être. Alors je continue à marcher les yeux au sol. Je dois avoir honte de ne pas pouvoir me regarder en face.
Je repense encore à Malik, qui ne dormait pas mais ça aurait pu être lui. Je connais son prénom, je sais qu'il a connu une fille en Bretagne et qu'elle était chouette, ils allaient danser. J'aurais marché à côté de lui dans le métro, le long de son duvet au bord du quai... Je ne connais rien.
Aurais-je regardé s'il respirait, aurais-je osé bousculer son épaule pour le faire sortir des vapeurs d'alcool et voir un soubresaut ?
Y a des soirs qui donnent envie de vomir.
Miroir
F * le 30.12.10
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