Des lettres qui pleuvent...


Etat des lieux

Quelques mois sans pouvoir décocher une ligne.

Comme une impression de retour en arrière et pourtant tout avance. Les trains, les gens, les heures, rien n'est à la même place mais tout y est. Une ville qui est la mienne, des amis qui sont les miens.

J'y reviens avec un goût particulier, comme si d'avoir avancer sans eux, même s'ils étaient là, avait un peu tout bousculer. Deux ans sont passés, c'est peu mais cela suffit, à des naissances, à des chutes, à des hospitalisations, à ce que la vie passe sans qu'on y soit vraiment.

Je retrouve mes pavés, la mer mais pour cela j'ai dû te quitter toi, les pavés parisien et la solitude qui suait par tous leurs pores. J'aimerais réussir à parler de cette impression que Paris m'a laissée.

Je pourrais la comparer à une femme, de celle que j'envie jusqu'à parfois vouloir l'insulter mais si un jour, par malheur je devenais cette femme, je sais à présent que cette impression de beauté, de sérénité ne serait qu'un mirage.

Paris à ses endroits qui m'ont presque fait oublier ce que l'on doit subir pour y goûter une fois dans le mois. Je comprends que des personnes nées ici ne puissent pas saisir mes propos.

L'image qui restera face à moi est celle du jardin du Luxembourg. C'était un dimanche après-midi. Si je me souviens bien, il faisait frais, les gamins promenaient leurs joues roses sous des bonnets à vélo, élaborant méthodiquement des plans sur mesure pour éviter ce nombre inimaginable de paires de jambes semblables à des échasses, quand on a cet âge là.

J'ai levé la tête et perdue de vue les enfants contents de ce moment de bonheur qui me paraissait déjà oppressant. Mes yeux se sont alors fixés sur des papas-mamans tout endimanchés. Ils étaient tassés les uns contre les autres en petite file indienne. J'ai joué à l'indienne aussi quand j'étais petite mais j'avais des plumes sur le front et je courais partout avec ma main devant la bouche comme tant d'autres.

Là personne ne jouait, ils attendaient, désireux d'offrir à leurs enfants la liberté, le lâché prise, le ciel à manger, la tête dans les étoiles. Faire la queue pour offrir cinq minute de balançoire à son bout de choux. Voilà ce que Paris offre, un jardin merveilleux où il faut savoir profiter du si peu qu'on veut bien vous donner, le peu qui dépasse et auquel s'accroche tant de personne pour déchirer son étoffe de bonheur.

J'aime Paris comme je la déteste. Mal.

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