Des lettres qui pleuvent...


Pas comme avant

J'ai décidé d'être heureuse mais pas comme vous, pas comme tant qui font semblant. Ce genre de chose ne se fait pas du jour au lendemain. Les masques, les faux sourires, l'air de rien, ça prend du temps à gommer. L'art qu'on acquiert au fil des années à rassurer l'entourage en affichant la mine qu'ils voulaient voir ce jour, cette heure, cet instant précis. Le pire c'est que ça prend de l'énergie, d'être comme ils veulent vous voir.

J'ai décidé d'être heureuse et depuis je pleure. Comme si le passé se chargeait de me faire payer tout ce que j'avais enfoui. Oui parce que pour être heureuse au présent, il faut marcher sur ses souvenirs. Moi j'avais enterré les larmes, les abandons, j'étais faussement légère en société. Fichu au grenier toutes ces conneries . Fermé la porte à double tour, muré l'entrée et peint le mur en noir.

J'ai rencontré Julien par accident mais finalement y a pas eu de blessé. Il voulait m'aider, je voulais faire de même pour lui. On aurait dû se rendre compte rapidement qu'on allait avoir un problème assez logique mais la logique elle fait pas trois tours dans ma tête. L'organisation des tâches allait être comique puisqu'on avait le même but pour l'autre, que l'autre. Monsieur avec ses beaux discours me rassurait, cherchait l'erreur. M'en plaignais pas, répondais peu et lui faisais subir le même sort.

On a joué des mois comme ça et puis sans s'en apercevoir, on a commencé à se faire confiance. Il faut préciser que ce mot de son côté comme du mien n'a jamais vraiment eu très belle réputation. Alors fallait bien qu'on se fasse du mal, qu'on se balance que c'était fini avant même d'avoir commencé. Fallait qu'on crie avant d'avoir mal. Fallait qu'on teste.

- C'est solide ?
- Tu pars pas en courant ? T'es revenue ?
- T'es con je suis jamais partie.

J'ai laissé la porte entrouverte, il n'a fait que la pousser. Même s'il a dû la pousser plusieurs fois.

J'ai eu ma dernière crise de vodka y a trois ou quatre mois, je ne sais plus exactement. Dernière crise d'angoisse d'une moins que rien qui pense vraiment qu'elle ne vaut même pas le rien. M'a pris comme d'habitude, roulée en boule dans le lit à pas trouver le sommeil. Vouloir griffer tout ce qui passe, la peau, les murs. Tordre les draps à se demander s'il ne faut pas les enrouler autour de ce pauvre cou qui laisse passer de l'air mais jamais assez. Alors autant couper le circuit direct non ?

Une fois que le lit ressemblait plus à un champs de bataille qu'à un lieu de repos, j'ai dévalé les escaliers, ouvert le frigo, trouvé la misère. J'ai remplis mon verre en chialant, en m'insultant. Je n'ai bu que deux gorgées cette nuit là. A vouloir les vomir, j'en pouvais plus, de moi, j'en pouvais plus d'être moi.

J'ai décidé d'être heureuse, ça fait déjà quelques mois que je m'entraîne.

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